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La scène est étendue, comme un miroir, sur l’écran suspendu, brillante comme jamais. Une forme apparaît puis, lentement, se sublime en un tableau abstrait : ici, les traits et les couleurs dessinent le monde instable où le héros s’est perdu en voulant tout savoir de lui-même puis en abandonnant toute ambition de savoir. « Tout homme qui marche peut s’égarer », rappelle Goethe. Né de la rencontre de Jacques Perconte, figure internationale des arts visuels, avec Miroirs Étendus, compagnie d’opéra d’aujourd’hui, Faust est une recréation de La Damnation de Faust dans une version pour trois chanteurs, dix musiciens sonorisés et électronique écrite par le jeune compositeur Othman Louati. Ni oratorio, ni opéra, l’œuvre de Berlioz ouvre une brèche dans l’espace-temps vers ce que Théophile Gautier a qualifié, à sa création, de « scène idéale où la fantaisie du poète règne en maîtresse ». Le poète : Jacques Perconte. Faust est ici l’image de l’homme contemporain : ne croyant plus au vide, il fuit ce qui le rappelle à lui. N’y aurait t-il pas, quelque force sur terre capable de redonner du sens à la vie ? Le plaisir n’offre t-il pas au moins l’illusion du plein quand l’amour fait défaut ? Peut-on encore voir la lumière quand – à l’heure de l’hyper-soleil – la clarté salutaire a tout inondé ? C’est juste le quotidien d’une femme ou d’un homme d’aujourd’hui : quelle raison de vivre ? Jacques Perconte, en alchimiste du numérique, pousse Faust sur le chemin vers une saturation, certes irréelle, mais terriblement opérante, par l’émotion. Un opéra-vidéo immersif interprété par les musiciens de Miroirs Étendus sous la direction de Fiona Monbet.

Sonorisation